Sortie

A sa sortie de l’hôpital, c’est le père de Pierre, qui est descendu de Bretagne pour l’aider quelques temps qui vient le chercher au volant de la vieille 405 bringuebalante de l’accidenté.

Il retrouve sa maison, son chat. Mais l’absence de sa moto lui pince le cœur.

C’est qu’elle fait partie intégrante de son existence depuis qu’il l’a. Il la gare sur sa terrasse. Il ne parvient pas encore à en parler au passé.

Il va lui falloir, avec l’aide de son père, aménager la maison, pour lui permettre de se déplacer avec ses béquilles sans risque.

Les rendez-vous sont pris avec les infirmières. Il va recevoir des injections quotidiennes pour lutter contre les risques de phlébite.

Il a aussi ses médicaments, des antalgiques pour essayer de calmer la douleur, mais qui ne suffisent pas à calmer les élancements dont il souffre depuis l’accident. Sa jambe est gonflée, les cicatrices de l’opération sont refermées avec des fils, et les infirmières ont aussi pour mission de nettoyer la plaie tous les jours.

Son pied aussi est tout gonflé, et a pris une teinte violacée.

La douleur est parfois insoutenable, mais Pierre souffre en silence. Le médecin a refusé de lui prescrire des médicaments plus forts. La douleur est normale paraît-il.

Pierre accepte donc la douleur en silence, essaie de ne pas montrer sa souffrance et de prendre son mal en patience.

La patience, il ne sait pas encore qu’il va en avoir besoin pendant longtemps, car il n’est pas sorti d’affaire.

Le quotidien devient très difficile à gérer et il appréhende le départ de son père à la fin du mois.

Des gestes simples comme faire sa lessive, sa vaisselle, son ménage deviennent autant de challenges, et il doit développer des trésors d’ingéniosité pour pallier à sa situation physique. Il a téléphoné à son assurance, à sa mutuelle. Il n’a pas le droit à une aide à domicile parce que son état n’est pas suffisamment grave.

La douleur est telle qu’il a l’impression d’être à l’agonie. Il dort mal, fait des cauchemars. Le psychologue de l’hôpital lui a dit que c’était normal, qu’il aurait des cauchemars pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que c’est son inconscient qui assimile les évènements. Peut-être…