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La solidarité entre motards, c’est une idée qui perdure, même si elle est plus ou moins sensible selon les régions, voire les pays.

Pierre a pu constater qu’elle était bien réelle à plusieurs reprises, en France et en Irlande.

Il en a déjà bénéficié, lorsqu’il est revenu d’Irlande. A l’époque, il avait pris la route avec tout son déménagement sur la moto. Quel équipage ! Sacoches de selle, sacoche de réservoir, sac étanche et travers de la selle, tente, sac de couchage au-dessus de son sac à dos de randonnée. Il avait presque doublé le poids de sa monture, mais elle restait largement manœuvrable.

Il avait fait plusieurs étapes pour redescendre de Londonderry à Rosslare, où il allait embarquer sur le ferry.

Sur le périphérique de Dublin, om il état arrivé vers trois heures du matin, ayant décidé de faire une étape de liaison de nuit puis de planter la tente un peu avant de rejoindre les Wicklow Mountains, son câble d’embrayage avait cassé.

Stoppé en pleine nuit sur la bande d’arrêt d’urgence, il s’était trouvé bien penaud avec son équipage en rade. Il était donc resté près de sa moto pendant un peu moins d’une heure, ne sachant que faire, ayant démonté son câble d’embrayage et tenté une réparation de fortune. Rien n’y faisait, il se retrouvait en panne sur le bord du périphérique en pleine nuit, et les voitures passaient sans s’arrêter.

Deux motards avaient fini par arriver. Le premier avait fière allure avec sa combinaison en cuir et chevauchant son Fireblade. Son collègue, lui se trouvait au guidon d’une 600 Bandit. Deux belles machines. Pierre leur avait montré les dégâts, et l’un des gars lui avait proposé de le dépanner. Son collègue avait attendu auprès de Pierre qu’il revienne avec de quoi réparer.

Ils s’étaient donc retrouvés à trois à bricoler sa Kymco avec un câble de freins de motoculteur. Le gars de la Fireblade avait même proposé à Pierre de le suivre chez lui pour prendre un peu de repos, et passer chez un concessionnaire le lendemain pour racheter un véritable câble d’embrayage, pour le cas où la réparation ne tiendrait pas le coup jusqu’en France. Il lui avait proposé son canapé, avait rentré le Pulsar dans son garage, aux côtés de la Fireblade. Pierre s’était levé aux aurores, et avait déjeuné en compagnie de son hôte et de ses enfants, puis celui-ci l’avait accompagné chez le concessionnaire Kymco de Dublin. Ils s’étaient quittés sur une poignée de main, et Pierre ne l’avait jamais revu.

Sans cette solidarité, il aurait pu rester longtemps sur le bord du périphérique…

Et à son tour, il s’était arrêté pour tenir compagnie à deux motards en panne ou leur prêter des outils au cours des années suivantes.

Cette solidarité, pour Pierre, c’est l’un des charmes de la moto. Et il la ressentait vibrer dans les écrits des membres du forum internet, exacerbée par cet intérêt commun qu’ils avaient tous pour leur moto, la même machine pour tout le monde.

Les sorties du forum ont toujours ce cachet unique. Des convois de trois, cinq, dix motos identiques ou presque, selon les accessoires ajoutés à chaque moto, ou selon la couleur de celles-ci, il trouve que ça a une certaine classe…