Côte Bleue

Ce matin-là, Olivier les avait donc rejoints. Le doyen du groupe est quelqu’un de très agréable, peu loquace, mais très souriant, un peu pince-sans-rire, légèrement sur la réserve, ses yeux pétillent de malice sous sa chevelure grise ramassée en catogan.

Ils ont pris la route de la Côte Bleue, passant par les petites routes au Nord de l’Etang de Berre pour rallier Martigues, puis longer la côte jusqu’à Cassis. La route est magnifique, les paysages somptueux. Pierre a quand même beaucoup de mal à supporter l’odeur lorsqu’ils longent les plages. Il a l’impression qu’il va faire une overdose d’écran total et de monoï. Ce parfum entêtant et nauséeux agresse ses sinus lorsqu’ils longent la côte. Il a du mal à s’y habituer, c’est la raison pour laquelle il évite les routes côtières depuis le début de l’été.

Le groupe rejoint Marseille, et monte jusqu’à la cathédrale Notre-Dame de la Garde, qui surplombe la cité phocéenne et leur offre un panorama splendide sur toute la ville et son arrière-pays, et sur les Iles du Frioul. Quel spectacle !

Ils reprennent la route, passant par le col de la Gineste et ses virages, pour atteindre Cassis. Pierre a prévenu Cyril, il quittera le groupe sur le chemin du retour, au niveau d’Aix-en-Provence. Ainsi, il sera chez lui plus tôt. Les autres continueront la balade, profitant du pont du 15 août, mais lui travaille le lendemain. Dommage, il commence vraiment à se sentir à l’aise, sûr de lui au guidon de sa machine. D’ailleurs, il est parvenu à suivre sans trop de peine le rythme du groupe aujourd’hui. Il va bientôt atteindre le millier de kilomètres au guidon de sa Varadero et a l’impression de l’avoir enfin bien en main notamment grâce aux conseils qui lui ont été prodigués depuis la veille.

Arrivés à Cassis, ils flânent sur le port et s’installent à la terrasse d’un café pour prendre un verre. Le port de Cassis est très animé, bien plus que ce à quoi Pierre était habitué en Bretagne à part peut-être du côté du Golfe du Morbihan.

Au milieu de la foule de touristes, le groupe de motards retraverse le port pour rejoindre leurs machines et reprennent la route. Ils vont rentrer par l’intérieur des terres. La route se déroule sous leurs pneumatiques, les virages s’enchaînent dans un secteur très sinueux, bordé d’arbres sur la droite, et surplombé d’une falaise sur la gauche. Pierre se colle dans la roue de Fabien, quand en plein virage, il lui semble perdre le contrôle de sa moto, et il commet l’erreur de freiner. Il ne perd pas le contrôle de sa roue avant, mais sa moto se redresse et file tout droit en plein virage. Paniqué, il serre les freins de toutes ses forces et sa machine parvient à s’arrêter juste avant la falaise. Quelle frayeur ! Olivier et Nicolas, qui ferment la marche derrière lui, se sont arrêtés et signalent le danger aux voitures. Pierre reprends la route tout de suite, en prenant mille et une précautions, pestant contre sa bêtise, et s’arrête à l’entrée d’un rond-point quelques kilomètres plus loin.

Nicolas s’arrête à sa hauteur et le regarde, l’air interrogateur sous son casque. Pierre lui fait signe que son cœur bat très fort, et reprend la route. Les autres ont continué à rouler et ont fini par ralentir en s’apercevant que la queue de convoi ne suit plus.

Le groupe s’ébranle à nouveau, jusqu’à Aix-en-Provence. C’est là que Pierre dit au-revoir au groupe. Tout le monde le rassure après son « tout-droit ». Ils ont tous fait des erreurs à un moment où à un autre. L’important dans ces cas-là, c’est d’apprendre de ses erreurs, afin de ne pas les renouveler. Ceux-ci reprennent la route vers Cavaillon et lui redescend vers Gignac, heureux de cette première expérience de roulage en groupe, et prêt à recommencer dès que possible.