Jour de mistral

Allez, il est temps de rentrer. Pierre enfourche sa moto, sort du parking de la société, et s’engage dans le rond-point. Houlà, ça souffle quand même très fort. Il se demande s’il ne ferait pas mieux de passer par l’Estaque, et s’arrêter prendre un verre sur le port en attendant que le vent se calme. Mais c’est le mistral, il ne s’arrête pas comme ça.

Depuis son arrivée dans la région, l’une des choses qui l’ont le plus surpris, c’est la violence des phénomènes météorologiques locaux. Lui qui est habitué au climat de l’Atlantique, il a découvert le Mistral, ce vent qui se lève parfois, et fait de la région une zone particulière pour la pratique des activités nautiques. Il n’a d’ailleurs guère pu profiter de ses moments de détente pour aller naviguer. Dans la région, il y toujours trop ou trop peu de vent. Comme l’on dit dans le milieu nautique, c’est la « pétole » ou la « baston », il n’y a pas de juste milieu. Il souffre un peu de ne pas pouvoir naviguer quand il le souhaite. D’autant qu’ici, il n’y a pas de marées, donc pas besoin de transporter son matériel sur toute la longueur d’une plage découverte comme en Bretagne.

Mais il doit rentrer. Bâbord, son chat, n’a sans doute plus de croquettes, et il doit s’arrêter pour acheter du pain mais il veut d’abord rentrer chez lui poser son sac avant d’aller faire les courses.

Remontant l’avenue, il parvient sans encombres jusqu’à l’entrée de l’A55 et s’y engage. Il avisera de l’autre côté de la colline. Si le vent est un peu moins fort, il restera sur cette route en restant attentif au vent latéral. Sinon, il poussera effectivement jusqu’à Vitrolles pour revenir par Marignane. C’est un petit détour de cinq kilomètres environ, mais ce sera plus sûr. Il s’est déjà fait très peur une fois au guidon de sa moto, il n’a pas envie de recommencer et joue désormais la carte de la prudence.

C’était le deuxième jour de sa première balade, à peine quelques mois plus tôt.