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Autopsie d'un accident
14 décembre 2008

Premier post... Un avant-propos

Ce récit est une version romancée d’évènements qui se sont réellement produits. Seuls, les noms des personnes impliquées ont été changés pour respecter leur anonymat.

Pierre, c’est moi. Victime d’un accident en novembre 2007, il m’a fallu beaucoup de temps pour commencer ce récit. Je ne voyais pas dans un premier temps l’utilité de raconter tout ceci. J’étais trop occupé à me morfondre et à me battre pour m’en sortir pour penser à écrire ces pages.

C’est sur l’impulsion de ma famille, et de ma psychiatre à l’hôpital d’instruction des Armées Clermont-Tonnerre de Brest que je me suis décidé à rédiger ce témoignage, qui n’a pour autre but que de m’aider à avancer dans ma démarche de guérison.

Au jour où j’écris ces lignes, j’ai déjà rédigé une cinquantaine de pages, alors que je pensais ne pouvoir en écrire qu’une dizaine. Je dois dire que cette thérapie est plutôt efficace.

Si je ne vois pas encore le bout du tunnel, si j’ai peur des séquelles de l’accident, que les médecins ne peuvent aujourd’hui évaluer avec certitude, et de ses conséquences sur mon avenir professionnel, ces pages me permettent néanmoins de faire le point. Je ne sais pas où je vais, mais je sais d’où je viens. C’est déjà beaucoup pour moi.

Je crois que l’on peut dire qu’il s’agit d’un témoignage. Je ne veux pas susciter la pitié d’un éventuel lecteur. Je ne sais pas si je proposerai cet écrit à un éditeur un jour. Le but de cet exercice n’est pas de me plaindre, mais de me prouver que malgré la douleur, les incertitudes et les doutes, je peux continuer à aller de l’avant.

La route, la mer… Ce sont deux éléments qui ont toujours fait partie de mon existence. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on est moniteur de voile et que l’on déménage tous les six mois ?

Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Pour le moment, je me contente de vivre un « aujourd’hui » incertain, un jour après l’autre, et je ne peux pas faire de plans au-delà de quelques semaines, voire quelques jours.

« Demain », c’est une inconnue dans mon existence. Je ne sais pas de quoi il sera fait, dans quelle mesure je pourrai retrouver une vie normale, ma vie d’avant.

Ce récit, c’est celui d’une aventure humaine, la mienne. J’ai choisi de la raconter à la troisième personne, parce que je la souhaite objective dans la mesure du possible. L’usage d’un personnage tiers me permettra de m’extérioriser, et d’exposer un point de vue critique sur mes propres états d’âme.

S’il ne s’agit pas d’attirer la pitié du lecteur, ce n’est pas pour autant un récit à l’eau de rose. Je voudrais, si un jour il devait être édité, qu’il serve de signal d’alarme, tant pour les conducteurs que pour les compagnies d’assurance ou les administrations. Je voudrai que le lecteur prenne conscience de la situation dans laquelle ils peuvent plonger quelqu’un en cas d’accident.

Etre victime d’un accident, ce n’est jamais une sinécure. On ne s’en sort jamais sans lutter. C’est le début d’un combat de tous les instants, contre la douleur, le désespoir, mais aussi contre le système, qui est tel que la victime l’est plusieurs fois.

D’abord victime dans sa chair, avec plus ou moins de gravité, un accidenté se retrouve ensuite seul avec une vie totalement chamboulée, des repères à redéfinir, et sans aucun soutien, que ce soit de la part de son assurance ou des autorités. La lourdeur des administrations est telle que le responsable d’un accident, pour peu qu’il s’en sorte indemne comme ici, s’en sort au final bien mieux que sa victime. Lui peut continuer à vivre plus ou moins normalement selon que sa conscience le travaille plus ou moins.

Cette injustice est parfois réparée devant les tribunaux, mais malheureusement, le responsable bénéficie bien souvent de la clémence de ses pairs ou des juges. Il bénéficie en tout cas toujours d’une période d’impunité entre l’accident et un éventuel procès.

Ce témoignage, je voudrai le dédier à tous ceux qui, comme moi, ont dû affronter les conséquences d’un accident provoqué par un tiers. Je voudrai rendre hommage à leur courage et à celui de leur entourage.

Je le dédie également aux amis, aux vrais, aux indéfectibles. Leur rareté les rend si précieux que je ne sais comment les remercier pour leur soutien. S’ils n’avaient pas été là, je n’y serai peut-être plus moi-même. Malgré les coups de gueule et les disputes, les malentendus et les quiproquos, certains ont su être là au bon moment, et certains y sont encore.

A vous tous, je voulais dire merci, tout simplement…

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Commentaires
Autopsie d'un accident
  • Les conséquences d'un accident peuvent être très lourde pour la victime, sur le plan physique ou sur le plan moral. Il faut parfois un déclic pour vouloir s'en sortir ou simplement tenir le coup. Ce blog est mon "déclic" à moi, et je l'alimenterai progress
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