Choc

Un peu avant d’arriver au rond-point qui le redirigerait vers Marignane, Pierre aperçoit soudain une voiture dans son champ de vision.

Celle-ci se trouve à une vingtaine de mètres devant lui, surgie de derrière les voitures qui viennent dans le sens opposé.

Immédiatement, il réalise le danger. La voiture n’a rien à faire là ! Il est sur une route prioritaire !

L’action se déroule au ralenti, sa réaction est purement guidée par son instinct.

Il actionne ses freins, réalise en même temps qu’il n’aura pas la distance nécessaire pour s’arrêter avant la voiture ! Un coup d’œil sur la gauche lui apprend que d’autres voitures arrivent en face, il ne peut pas se faufiler derrière la voiture ! Un coup d’œil à droite et il réalise que la voiture avance toujours, il ne pourra pas lui passer sous le nez, à moins de jeter sa moto dans le fossé, et de risquer de se blesser dans la chute.

Il ne peut éviter la voiture, qui se rapproche à chaque battement de cœur ! Réalisant qu’il va frapper la portière de la voiture, la seule chose qu’il voit alors, ce sont les yeux de la passagère, grands ouverts par la panique. Dans un geste désespéré pour ne pas prendre le risque de la blesser, il projette sa moto vers la droite, et vers la roue de la voiture. Si le choc est inévitable, il peut au moins limiter les dégâts.

Dans un bruit atroce de ferraille et de plastique s’écrasant sous la violence de l’impact, Pierre est projeté vers l’avant de sa moto, l’inertie de la voiture dévie sa course, sa jambe est écrasée entre les deux véhicules, et l’inertie de sa propre moto le projette avec sa monture par-dessus le capot.

Conscient de tout ce qu’il se passe, Pierre reste désespérément accroché à son guidon, puis se désolidarise de celle-ci alors qu’elle passe par-dessus l’avant de la voiture. Il a peur de se retrouver écrasé par les cent soixante kilos de sa machine lorsqu’elle frappera le sol.

Projeté très haut, il voit le bitume défiler sous lui, et réalise qu’il va chuter. Il replie alors ses bras contre son ventre, pour ne pas se les briser en atterrissant, et heurte violemment la route une première fois, de la tête, puis redécolle et ré-atterrit brutalement sur l’épaule. Il se met alors à rouler sur lui-même et une angoisse le saisit. Est-il toujours sur sa voie de circulation, ou va t’il finir sous les roues d’un véhicule arrivant en sens inverse ?